Pour la diversité de la trame verte et turquoise, la biodiversité est une chance pour la ville.
Projet de développement urbain autour de la halle Freyssinet à Trappes et Montigny – 2015
Un nouveau relai pour la continuité entre les grandes entités paysagères environnantes.
Le projet, généreux par ses surfaces végétalisées et sa capacités d’accueil d’espèces floristiques et faunistiques, permet de renforcer les continuités entre la base de loisirs de Saint-Quentin, la forêt domaniale de Bois d’Arcy et le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Le nouveau quartier autour de la Halle Freyssinet se place dans un cadre environnemental singulier.
Allier la biodiversité au dessin des espaces publics et privés.
On note aujourd’hui la présence de jardins privés, d’alignements, de boisements et de haies arborées et arbustives le long du faisceau ferroviaire, de plusieurs lieux jardinés, potagers et jardins familiaux, de milieux humides, ainsi que quelques friches de végétation spontanée. Cette végétation diversifiée n’en fait pas, à proprement parler, un espace de nature, mais s’y mèlent divers milieux engageant nécessairement la réflexion sur le développement et l’accueil de la biodiversité dans ce nouveau quartier. Ces ambitions préfigurent une ville verte, durable et désirable, belle et digne : la ville qui réintègre les enjeux écologiques dans une vision pragmatique et ambitieuse. Les milieux repérés dans la base de loisirs et ses alentours fabriquent le socle paysager autour duquel le projet se construit : cohérence des sols, cohérence végétale, et équilibre entre sols poreux et sols imperméables.
Une palette végétale indigène
La végétation présente sur le site, ainsi qu’un grand nombre de jardins existants seront conservés. Nous proposons de garder le plus possible d’arbres en bon état phytosanitaire. L’ossature végétale sera très fortement renforcée, pour constituer de véritables parcs et » milieux « . Les palettes végétales préconiseront l’installation ou le renforcement des milieux indigènes au climat et au sol existant, qui sera lui même si besoin dépollué et enrichi. Des préconisations seront données sur les parcelles privées, pour que les continuités entre l’intérieur et l’extérieur des parcelles puissent se faire, et ainsi renforcer la cohésion végétale et les continuités de l’ensemble du projet. Le paysage, re-dessiné sur l’ensemble du quartier, apportera une biodiversité riche grâce à un choix très varié d’espèces.
Chaque espèce végétale choisie sera associée à un cortège faunistique (dans le sol, le feuillage ou le bois). Les animaux y trouveront un refuge paisible, à proximité de la ville. L’inscription dans les rythmes de la semaine, et des saisons.
Cette diversité végétale apportera également un spectacle différent au fil des saisons : les couleurs automnales laisseront place aux couleurs de bois une fois les feuilles tombées, puis viendront les fleurs précoces en fin d’hiver, les pousses vert clair au printemps et enfin les multiples floraisons et fructifications s’enchaînant jusqu’à l’été. Une gestion partagée et différenciée des espaces végétalisés.
Afin de limiter l’entretien, certaines parties des parcs seront maintenues en friche de végétation spontanée, d’autres pourront être confiées en gestion à des associations locales ou des porteurs de projets (associations de cheminots pour les potagers par exemple), d’autres encore jardinées plus traditionnellement par les villes de Trappes et de Montigny.
L’importante question de la dépollution des sols entraînera des études spécifiques et des propositions adaptées pour une réappropriation progressive.
Créer une porosité entre les espaces publics et privés.
Les espaces privés et publics sont imaginés comme des éléments interdépendants. L’espace public se prolonge dans l’espace privé tout autant que l’espace privé permet de renforcer les qualités de l’espace public. Il en résulte de plus fortes continuités écologiques et une biodiversité favorisée, de plus grandes continuités à l’intérieur du quartier tant sur les ouvertures nord/sud que sur le parc linéaire. Les limites entre les espaces publics et privés sont travaillées de façon à devenir poreuses : les clôtures deviennent des haies plus importantes, les noues contribuent à l’identité des espaces, les alignements d’arbres se renforcent, s’épaississent.
Une situation singulière dans la géographie de l’ouest de l’Île-de-France.
Le site de la Halle Freyssinet s’inscrit aux confins ouest du système d’écoulement du plateau de Saclay. Ce dispositif engage les écoulements amont à remettre en continuité les rigoles déjà très anciennes puisqu’on les découvre déjà sur la Carte de Cassini au XVIIIe siècle. Le site du projet est traversé par une des rares rigoles d’écoulement qui se jette dans l’étang de Saint-Quentin (anciennement appelé le « Garde Rigole »).
La rigole
La grande rigole historique qui traverse le quartier indique bien son statut de réceptacle des eaux de ruissellement et d’évacuation des étangs de la base de loisirs. Cette rigole, aujourd’hui enterrée montre la nécessité du drainage de ce site vers le plateau de Saclay. Le projet s’inscrit dans le schéma de continuité des rigoles introduit dans l’étude hydraulique du bassin versant fournie dans les documents d’étude.
Un dispositif de récolte d’eau pluviale comme unité paysagère du futur quartier.
L’organisation du futur quartier s’appuie sur des lignes d’eau à ciel ouvert qui draineront les futurs aménagements. Ces lignes d’appuis se concrétisent par des aménagements paysagers en lien avec la nature du sol et son hygrométrie, ces structures reliant les éléments du quartier entre eux et favorisant du même coup des continuités biologiques et la biodiversité.
Les noues, fils conducteurs de la biodiversité du sud vers le nord. La forme des noues et leur maillage assurent une vitesse d’écoulement suffisamment faible, et une capacité de stockage qui favorise la percolation. Pour cela, les noues sont tracées selon une forme de trapèze, étroit et peu profond en amont, larges et plus profond en aval, à l’exutoire dans le fossé principal au nord du site.
Ce dispositif de récupération et d’infiltration des eaux pluviales a deux avantages majeurs. Il réduit pratiquement à zéro les écoulements à l’exutoire, nous fabriquons un quartier autonome, à » écoulement zéro » en percolant l’eau de pluie dans le sol. Il réalimente la nappe phréatique de manière constante, ce qui est bon pour l’équilibre hydro-écologique de l’ensemble du grand site.
La topographie sera finement réglée en fonction de ces principes.
Ceci suppose que les voies nouvelles s’écoulent non pas dans des avaloirs, mais dans les noues qui les bordent.
C’est un dispositif économe : plus d’avaloirs ni de grilles, plus de bordures, plus de regards, plus de tuyauteries : on supprime les éléments onéreux de la voirie.