Quelle nature? 

La biosphère est une organisation du vivant qui s’est construite sur les bases géographiques du socle terrestre, Dans cet ensemble elle constitue des éléments de la bio-diversité. Cette bio-diversité est influencée par la nature du sol, par le climat de chaque entité géographique et qui prend donc des formes différentes selon sa localisation, son orientation, le régime des pluies, ….
Ce sont ces éléments simples qui gèrent globalement le monde du vivant sur la planète.

Dans l’espace urbain, l’expression du vivant s’inscrit de façon nette dès qu’un espace propice à l’installation de la vie existe. Lorsque la présence de l’homme est légère, la végétation est dense à exubérante et se rend presque inaccessible ; lorsque la gestion d’espaces plantés est artificielle (géré de façon jardinée) les espèces végétales sont peu nombreuses en dehors de celles qui ont été plantées par l’homme.

Donc on peut en produire les principes suivants :

-   l’absence de gestion favorise la richesse de la bio-diversité, 
-   les éléments de nature non gérée doivent, dans certains cas, continuer à être non gérés, 
-   la dissémination de la bio-diversité, pour être pérenne, ne peut pas passer par des éléments trop jardinés et gérés par l’homme. 
-   On doit protéger des éléments de nature, dans les interstices de la ville pour porter la bio-diversité au cœur de la ville. 

On voit bien que la nature n’a pas attendu la mondialisation pour trouver des logiques d’appropriation de l’espace lui permettant d’investir le sol partout où elle le peut. Mais elle a besoin d’une mise à disposition de sols pour favoriser son implantation.
Ces observations sur les lieux de présence de la nature nous conduisent à envisager leur intégration pure et simple au dispositif de mise à disposition d’espaces plantés pour la population.

La question reste : comment mettre en scène ce dispositif tout en permettant les usages de continuité de déplacement, de création de lieux de détente et de promenade, de mise à disposition d’étendues pour le regard, de favoriser les expériences de contact avec la nature?

Nous avons explicité dans les textes suivant les trois figures qui permettent de développer de manière cohérente le dispositif de mise en place de la bio-diversité dans la ville.

Dispositif paysager

La bio-diversité est très présente dans la première moitié du faisceau (en partant de la Seine et en allant vers l’Arche) ; notre objectif est d’utiliser ce réservoir pour aider la diffusion des formations végétales permettant de renforcer la bio-diversité dans le “système faisceau” à l’aide des éléments de support déjà à disposition jusqu’aux Jardins de l’Arche et les cimetières de Neuilly et Puteaux.
Pour ce travail, nous utilisons le moindre espace disponible aujourd’hui et les lieux utilisables dans le dispositif de notre projet. Le “park-way” notamment permet d’appuyer une structure végétale inégale mais forte le long de son parcours. Les espaces intersticiels le long du faisceau ferré et des faisceaux de voiries sont investis et clarifiés pour accueillir un maximum d’éléments plantés.

Dans les séquences cinétiques des parcours, qu’ils soient doux (piétons, cycles, roller, trotinettes, …) ou rapides (véhicules motorisés, véhicules guidés, …) la traversée des jalons exprime la traversée d’un lieu particulièrement prolifique en sujets végétaux et doit être un spectacle pour l’usager.
Dans les aménagements liés à la proximité des bâtiments, les espaces seront de deux natures :

1- des bosquets d’arbres denses offrant une climatisation naturelle des pieds d’immeubles au moins sur une hauteur intéressante. Ces pieds d’immeubles peuvent permettre d’avoir un espace privatif ou clos pour préserver des espaces d’intimité.
2- les fenêtres sont des espaces plus aérés qui offrent des plantations d’arbres à fleurs avec des cheminements larges et des prairies fleuries. Ces lieux donnent à voir les séquences de diffusion des éléments de nature dans les espaces habités ou de travail. Ces fenêtres viennent s’articuler sur le faisceau et sur les éléments du “Park-Way”.

1 • Les Jalons (diffuseurs) sont les réservoirs de bio-diversité : ils doivent être protégés des intrusions humaines tant en gestion qu’en usage (espace « clôturé », talus, creux, … de grande dimension).
Il faut donc prévoir les strates arborées (arbres adultes), arbustives (arbrisseaux et arbustes), herbacées (des fleurs, des fougères et des grandes herbes), muscinales (mousses et champignons) dans ces lieux protégés. La composition végétale doit être la plus dense possible pour protéger la faune et la flore de certains prédateurs et favoriser leur habitat.

2 • Les Liens (relais) sont des prolongements protégés permettant à la bio-diversité d’étendre son influence et de se rapprocher sans danger des Jalons (clôtures, creux, talus, …)
Il faut donc prévoir aussi ici les strates arborées (arbres adultes), arbustives (arbrisseaux et arbustes), herbacées (des fleurs, des fougères et des grandes herbes), muscinales (mousses et champignons) dans ces lieux protégés. La composition végétale doit être la plus dense possible pour protéger la faune et la flore de certains prédateurs.

3 • Les fenêtres (attracteurs) sont des éléments plus agricoles et/ou jardinés qui sont des figures urbaines de la nature en ville créant des légères discontinuités le long du faisceau non préjudiciable au prolongement de la bio-diversité.
Elles peuvent être organisées sous forme variée en général en « s’éloignant » du faisceau pour pénétrer les quartiers neufs ou anciens :
-prairies fleuries,
-alignements le long d’une voie
-bandes boisées denses ou clairsemées d’arbres plutôt mono-spécifique  (bandes de bouleaux, bandes de vergers, bandes d’alisiers, bandes de frênes, …) qui sont support d’usages de promenades ou autres mais aussi d’identification et de repérage d’adressage :
« j’habite l’immeuble après la bande de chênes » ou bien « après le gros frêne, tourne à droite et c’est là ».

Nature structurante

La mise au point de ce dispositif permet de développer et de structurer une appropriation équilibrée de parcelles de nature qui sont aujourd’hui des espaces résiduels de la technostructure fonctionnelle du secteur du faisceau (voir texte de la phase diagnostic sur les milieux).
En résumé, l’espace proche des infrastructures, “invivable” pour l’homme, est déterminant pour le développement de la bio-diversité. C’est cet élément de nature “anodine” qui permet la diffusion à travers d’autres supports de vie (espaces jardinés, espaces libres, autres espaces en mutation).

1- tenir compte des sols et de la topographie :

La rareté des sols aptes à recevoir “du vivant” nécessite de protéger les espaces qui existent déjà et d’ajouter ceux qui manquent à la complétude du dispositif.
Le règne végétal et animal peut se contenter de peu mais il faut parfois un minimum d’épaisseur pour accueillir et favoriser des habitats spécifiques.
Les talus et les dénivelés ne sont pas forcément des obstacles à la dissémination de la bio-diversité. Ils sont simplement mesurés pour adapter et favoriser son action. Chaque situation permet aussi au travail plus jardiné des fenêtres d’investir un mur en palissant des fruitiers par exemple, ou de mettre en scène une prairie fleurie semée et gérée de manière “différenciée” comme on a pu le faire au Havre sur des grandes étendues de manière à favoriser l’essaimage des graines des fleurs d’année en année.

2- les milieux assurent plusieurs fonctions :

Identifier et rendre lisible
La mise en place du séquençage “Jalons/Liens/Fenêtres” participe à la compréhension du parcours urbain et au confort dans les déplacements de tout ordre. Cette compréhension se fait de façon linéaire le long du faisceau par le Park-way les nouveaux parcours des rues, et dans l’épaisseur des quartiers par l’apprentissage des parcours au travers des “fenêtres” jusque dans les cœurs d’îlots et les équipements.

Assurer les continuités de la bio-diversité (les Jalons)
Un bosquet épais qui comprend les strates végétales nécessaires à l’installation la plus variée des mondes animal et végétal (on ne parle pas bien évidemment des grands animaux : un sanglier n’est pas attendu sur nos terres) doit avoir une surface suffisante, pas forcément continue, et doit être bien protégé par une clôture urbaine ou bien encore être suffisamment inaccessible d’emblée (par exemple, un îlot routier ou un talus de voie ferrée conviennent). Ce cortège équilibré de végétal et d’animal constitue un “milieu”.

Promouvoir sa bonne répartition y compris dans les sites très urbanisés (les Liens)
Une bande boisée qui comprend les strates végétales nécessaires à l’installation la plus variée des mondes animal et végétal doit avoir une épaisseur idéale de 8 mètres de large (mais 4 mètres de largeur très bien protégés par une clôture urbaine est viable).

Diffuser leur promotion au cœur des îlots habités (les Fenêtres)
Elles sont les lieux privilégiés des usages urbains au contact d’une “nature” maîtrisée et jardinée, lieu de diffusion réglée. Cette proposition permet d’être aussi un peu pédagogique dans l’expérience de découverte des éléments de nature proposés (vergers, prairies fleuries, bouquets d’arbres discontinus et fluides, …)

Infiltrer les eaux de ruissellement dans les espaces plantés comme les grandes noues ou bien dans les légers creux des “liens” et des “fenêtres” proposent des volumes intéressants de récolte des eaux de ruissellement pour redonner l’eau à la nappe phréatique.

Climatiser les immeubles situés à proximité des milieux très boisés par des apports ombragés et un abaissement de la température de 4 à 7 degrés dans les sous-bois en saison chaude (c’est même sensible aux inter-saisons).

La structure des milieux pour le recueil des eaux de pluie

La couverture végétale et la structure des sols sont des lieux propices au ralentissement du ruissellement des eaux de percolation. Cette structure des milieux mis en place est importante et conforte ce qui existe déjà “naturellement” dans les interstices urbains.
Par exemple la grande noue proposée le long de la nouvelle voie conduisant aux Groues depuis l’Arche favorise encore une fois de plus cette application à l’infiltration des eaux dans nos sols.
Ou encore les aménagements des espaces plantés sont plutôt réalisés en léger creux par rapport aux cheminements ce qui entraîne l’eau vers ces réceptacles naturels dès que c’est possible.