Diversité révélée

Fer et Nature un partage heureux?

C’est curieux d’imaginer que le pire endroit qui soit pour nous les humains (l’environnement proche des voies ferrées), est en fait le lieu où la bio-diversité est la plus exubérante, le lieu où la perméabilité des sols est la plus conséquente, où aussi l’ensoleillement du sol est, de façon homogène, plus important qu’ailleurs, où le passage des trains provoquant un courant d’air très important pourrait faire tourner des éoliennes!! et où finalement la nature trouve son compte dans l’appropriation du sol ; un sol libre, riche mais bruyant.
C’est ce que nous a fait découvrir avec étonnement l’arpentage du territoire du Faisceau. On a remarqué aussi que ses contours non investis sont contaminés par cette exubérance, derrière la Prison, le long de la déchetterie, hors champ le long des tubes de l’A14, dans le prolongement des futures “terrasses” de Treuttel-Garcias-Treutel.

Du Chaos guerrier …

Le faisceau ferré est l’élément de convergence des éléments éclectiques du système urbain de l’ouest défense. Élément de convergence, programme, rupture, saignée, faille, boucan.
Résultat de logiques d’aménagement opportunistes et guerrières du “chacun durcit son chez-soi” (EPAD, ville de Nanterre, CG, SNCF), ce territoire se compose de fragments de société émietté (lieux d’habitat, lieu de travail, espaces de loisirs) chacun tournant le dos à l’autre dans une atterrante cacophonie ; chacun s’adonnant à grand renfort d’argent à gérer et entretenir son bien. Les nouveaux projets en cours et les futurs que l’on nous propose d’ intégrer à notre étude ajoutent encore à cette incompréhension et prolonge ce jalonnement guerrier largement développé.

Ces dissonances montrent que chaque acteur de ce territoire divisé (et non partagé) s’active à défendre son pré carré, sans considérer la valeur urbaine universelle de son action. C’est humain mais pas humaniste.

… au chaos pacifié

L’étude devient-elle le terreau d’une entente cordiale, d’une entente partagée sur ce territoire où les enjeux sont considérables?
Peut-on concilier armée de bureaux avec contingent de bâtiments habités?
Comment relier ces entités retranchées?
Comment considérer l’usage du sol de demain? Doit-on mutualiser ou prolonger la dispersion de l’argent du contribuable par la multiplication de surfaces inutiles la moitié de la journée?
La gestion des sols est-elle la clé d’entrée vers plus de rigueur?
Le végétal peut-il développer une dissémination opportune?
Ces questions amènent des réponses communes et partagées.

Une nature active

Débouler en pleine ville, voici la réalité des plantes pionnières des talus de voies ferrées. Comme avec étonnement lorsque cette présence s’est révélée au grand public dans la Petite Ceinture de Paris, le Faisceau apparaît comme un lieu similaire de concentré de bio-diversité, prêt à disséminer ses graines à quel sol en voudra. A travers cette béance urbaine la nature s’installe et développe son cycle dynamique de manière presque imperturbable.

En observant sur place et à partir de la photographie aérienne la manière dont le territoire est marqué par la végétation, on a constaté 3 grandes familles d’ “empreinte”.
La végétation spontanée : pas de gestion, végétation pionnière se succédant par grands éléments longilignes
BIO-DIVERSITÉ ÉLEVÉE
La végétation d’accompagnement : gestion différenciée, qui fait ressortir une variété de plantes et d’arbres plantés par l’homme sous forme d’alignements, de bandes ou de surfaces
BIO-DIVERSITÉ FAIBLE À MOYENNE
La végétation jardinée : gestion maîtrisée des plantes présentes sur le site grandes surfaces maîtrisées, haies taillées.
BIO-DIVERSITÉ TRÈS FAIBLE

Une variation des milieux liée au sol

La géologie marque un sous sol selon qu’il est fait de limons, de gneiss ou de tout autre sol particulier. La végétation qui évolue sur chacun de ces sols est différente à chaque fois selon une variation dont l’amplitude est plus ou moins grande.

Installer un dispositif de dissémination des milieux

A partir de ce constat, le projet met en place une stratégie de développement de la bio-diversité en lien avec les éléments de gestion.

Cette dissémination est organisée à partir de Milieux “semenciers” (milieux diffusant) comme le sont les voies ferrées. Par exemple, on peut rétrécir l’emprise de la RD et diminuer les vitesses autorisées (au droit de l’université notamment) pour permettre de “réceptionner” la diffusion des milieux voisins. On prolonge ainsi des corridors de dissémination.
On peut bien entendu aider ces dissémination en plantant les essences végétales cohérentes avec le milieu.
Pour rendre riches les espèces présentes, on favorise leur installation : il est nécessaire d’organiser sur chaque site de diffusion une gestion différenciée selon des sous-secteurs à définir.

Cette gestion est transversale à l’échelle du projet global, elle varie en fonction de la nature des milieux que l’on organisera.

Une gestion différenciée pour un” stock de graines” à préserver.

Le cycle naturel de floraison puis de frutaison des végétaux est lié à la saison et à chacune des espèces présentes. Des familles dans chaque milieu peuvent être sélectionnées de manière à permettre par exemple la tonte d’une pelouse sèche à différents moments de l’année, pas sur toute sa surface.

Comme nous l’avons fait au Havre, les pelouses sont tondues en “chambres” (càd pas la totalité de la surface est tondue), à l’appréciation du jardinier qui en a la charge. Ce système permet aussi de rendre l’action du jardinier participative. Le stock de graine apparaissant le long des cycles de production par les plantes se régénère et dissémine ainsi les futures plantes pour l’année suivante.

Un choix souple de lieux de projet.

Sur ces principes, la “dissémination” s’attribue aussi aux lieux “hôtes”, qui, en fonction des programmes s’adaptent aux besoins.

Une mesure nécessaire

Il faudra considérer les règles de masse critique des éléments paysagers constituant chacun de ces lieux car une haie par exemple pour qu’elle ait une valeur “écologique” (population, absorption de l’eau de ruissellement) doit avoir une épaisseur donnée et un critère d’impénétrabilité spécifique pour permettre le développement de certaines espèces. Le gradient constituant ces éléments sera réglé à l’unité.